Mon enfant se déplace assis

Mon enfant se déplace assis (bottom shuffling)

Si un enfant peut apprendre à marcher sans être passé par la position 4 pattes, ou par le ramping, cela soulève pour moi de nombreuses questions.

Est-ce que l’enfant a été positionné assis ou a-t-il appris à s’asseoir seul ?

Est-ce que l’enfant a exploré la position allongée ?

Qu’en est-il de sa fluidité de mouvement ?

Je remarque en effet que les enfants qui se déplacent assis sont souvent ceux qui ont été mis très précocement assis pour diverses raisons, et qui ont insuffisamment expérimenté les déplacements aux sols (retournement, pivotement).  Ceux sont aussi ces mêmes enfants qui n’ont pas appris à s’asseoir seuls.  Les transferts d’appui sont fragiles, et l’enfant a développé la crainte de tomber et de se retrouver allongé. Il se retrouve dans une posture figée, statique, avec des mouvements qui se sont développés dans un seul plan de l’espace (face à lui). Il sollicite d’autant plus l’adulte pour répondre à ses besoins (ramasser l’objet qui s’est un peu trop éloigné). Finalement, pour se déplacer, il a trouvé la seule stratégie possible : avancer sur les fesses ( bottom shuffling ), avec là encore peu d’appui sur les membres inférieurs.

Si le 4 pattes n’est pas obligatoire, il permet d’explorer les transferts d’appui, en contrôlant les déséquilibres qu’ils induisent, mais aussi de développer les réactions parachutes utiles à la station assise.  Le 4 pattes est un apprentissage complexe de coordination/dissociation entre le haut et le bas du corps, et les hémicorps droits et gauche, et si on regarde de plus près, les mêmes coordinations que nous retrouverons dans la marche. Le 4 pattes participe à la construction corporelle et de l’espace de l’enfant.

Alors concrètement, lorsque je reçois un enfant qui se déplace assis, mais aussi en prévention auprès des plus petits, vous comprendrez pourquoi j’attache une importance particulière à mettre l’enfant dans des situations d’exploration de l’environnement qui vont favoriser ses transferts d’appui, les rotations du buste et les repoussés du sol.

En étant à l’écoute de l’enfant, avec ses parents, et en amenant un climat de sécurité et de jeu, on introduit ensemble les retournements, les pivots, et le 4 pattes: jouer allongés, mobiliser le corps du bébé, jouer avec ses pieds, bouger son bassin… puis amener les variations des appuis dans un corps à corps, proposer des objets sur différents plans de l’espace (en hauteur, à droite, à gauche), varier les hauteurs de tapis, mettre des tunnels dans les parcours, mettre m’amuser à mettre des obstacles à enjamber, etc…

Sans forcément vouloir à tout prix empêcher un déplacement assis, mais pour enrichir son répertoire d’habiletés motrices et gagner en fluidité de mouvement.

WAROQUIER Céline, psychomotricienne D.E.

Pour aller plus loin :

A.Coeman, De la Naissance à la Marche

Michèle Le Forestier, De la naissance aux premiers pas